ProjectionsMardi 02 juillet 2024
14h00- 15h30 ‘Ganbanaaxun Fedde: un réseau transnationale de lutte contre l’esclavage’ (36 minutes) Lotte Pelckmans, University of Copenhagen, Centre for Advanced Migration Studies (AMIS)
Discussion : Ibrahima Thioub, Historien, Université Cheikh Anta Diop (Dakar) ‘Ganbanaaxun Fedde: un réseau transnationale de lutte contre l’esclavage’ (36min), qui fait le lien entre un mouvement social transnational qui lutte contre les héritages de l'esclavage africain interne et les déplacements ruraux contemporains au Mali. Ce film fait le lien entre un mouvement social transnational qui lutte contre les héritages de l'esclavage africain interne et les déplacements ruraux contemporains au Mali. Le mouvement appelé Ganbanaaxun Fedde (qui signifie "fédération de l'égalité" en soninké) a pris de l'ampleur à partir de la fin 2016 parmi les groupes diasporiques de langue soninké, qui agissent et s'expriment contre leur discrimination permanente fondée sur le passé esclavagiste africain interne. Le comité de pilotage des mouvements est basé dans un pôle central de la diaspora soninké : Paris. Grâce à une utilisation intelligente des groupes WhatsApp, d'ambitieux étudiants mauritaniens à Paris ont réussi à obtenir des membres actifs parmi les personnes classées comme kome en Afrique de l'Ouest. Le terme "kome" signifie littéralement "asservi", mais il continue d'être utilisé pour désigner les supposés "descendants d'anciens esclaves" parmi les locuteurs du soninké au Mali, en Mauritanie, au Sénégal, en Gambie et dans leurs diasporas à travers le monde. Le film est basé sur des entretiens avec des activistes et des personnes déplacées en raison de leur activisme. Il documente également certaines des dynamiques polarisantes générées par la résistance anti-esclavagiste et la lutte pour l'égalité, à la fois en ligne et hors ligne. Bien que le mouvement soit transrégional et transnational, l'accent est mis sur quatre cas du Mali occidental, documentant les luttes pour la terre, l'endogamie, l'incarcération et la discrimination. AVERTISSEMENT DE DÉCLENCHEMENT Avertissement à l'intention des spectateurs et des étudiants. Nous tenons à signaler que certains spectateurs peuvent trouver le contenu verbal et visuel de ce film déclencheur ou offensant, car il contient des discours polarisés et des représentations visuelles de la violence. Le matériel comprend des images de coups, de destruction de villages et de biens, de manifestations de personnes montrant des affiches avec des blessés, des images d'une femme qui a été tuée. Nous demandons aux spectateurs susceptibles d'être choqués, accablés ou paniqués par le contenu de prendre les mesures nécessaires pour assurer leur sécurité émotionnelle. Il peut s'agir de se retirer de la présentation ou de contacter l'un des organisateurs de l'événement pour obtenir du soutien.
Lotte Pelckmans
Lotte Pelckmans est une anthropologue qui s'intéresse à l'intersection entre le (post-) esclavage et la migration en Afrique de l'Ouest francophone. Elle a obtenu sa maîtrise et son doctorat à l'Université de Leyde, aux Pays-Bas, et a ensuite enseigné l'anthropologie et les études de développement à l'Université de Nimègue et à l'Institut d'histoire de l'Université de Leyde, aux Pays-Bas. En 2012, Lotte a obtenu un séjour à Paris financé par l'UE (CEAF, EHESS), et en 2019 une bourse Heinz Heinen au centre de Bonn pour la dépendance et l'esclavage.
Depuis 2016, elle vit au Danemark, travaillant d'abord à l'Institut danois d'études internationales, où elle a été corédactrice du film documentaire ‘River Nomads’ (2017, 42min), qui explore la mobilité transnationale des pêcheurs nomades en Afrique de l'Ouest (Niger, Nigéria, Mali). Elle a réalisé deux projets en collaboration avec le département de littérature comparée de l'université d'Aarhus, notamment ‘Reading slavery’ (2017-2019) et ‘Authoring Slavery’ (2022-2024).
Actuellement employée en tant que maître de conférences au Centre d'études Avancées sur les Migrations de l'Université de Copenhague, Pelckmans a réalisée le film documentaire 'Ganbanaaxun Fedde' (2024, 36min) dans le cadre d'un projet de recherche sur les déplacements historiques et contemporains des descendants d'esclaves au Mali, financé par le GCRF/UKRI UK (2020-2023). De manière générale, ses projets s'interrogent sur la manière dont le passé esclavagiste africain se répercute et hante les régimes moraux contemporains de la voix et de la représentation (légale) qui régissent la citoyenneté, la résistance et les mobilités.
Mercredi 03 juillet 2024
14h00- 15h30
"Coconut Head Generation" , Alain Kassanda, réalisateur
Discussion : Elodie Apard, IRD URMIS
Tous les jeudis un groupe d'étudiants de l'université d'Ibadan, la plus ancienne du Nigeria, organise un ciné-club, transformant un petit amphithéâtre en une agora politique où s'affine le regard et s'élabore une parole critique. "Coconut Head Generation", expression méprisante pour désigner une jeunesse bornée et sans cervelle, prend un tout autre sens lorsque les étudiants retournent ce stigmate pour revendiquer leur liberté de pensée. "Coconut Head Generation" documente l'expérience d'un ciné-club étudiant à l'Université d'Ibadan (Nigeria) comme une agora où la jeune génération nigériane s'empare de diverses thématiques politiques (rapports de genre, restitution des oeuvres des patrimoines africains, conditions d'études au Nigeria, gouvernance du pays, etc.) avant de descendre dans la rue manifester contre les violences policières et la mal-gouvernance du pays en 2020, dans le cadre du mouvement EndSars. Le film a notamment reçu le Grand Prix du Festival du Cinéma du Réel à Paris l'année dernière.
Alain Kassanda
Natif de Kinshasa, Alain Kassanda a quitté la RDC pour la France à l’âge de 11 ans. Après des études de communication, il se lance dans l’organisation de cycles de projections de films et organise des festivals dans différents cinémas parisiens. Il devient ensuite programmateur des 39 Marches, une salle de cinéma d'art et d'essai durant cinq ans, en banlieue parisienne, avant de s’installer à Ibadan, au sud-ouest du Nigéria, de 2015 à 2019. Il y réalise Trouble Sleep, un moyen métrage centrée sur l’univers de la route, appréhendée du point de vue d’un chauffeur de taxi et d’un collecteur de taxe. Le film a reçu le Golden Dove du meilleur film au festival Dok Leipzig en 2020 et la mention spéciale du jury au festival Visions du réel. S’en suit, Colette et Justin, un long métrage entremêlant récit familial et histoire de la décolonisation du Congo, sélectionné en compétition internationale à Idfa en 2022. Coconut Head Génération, son troisième film, centré sur la condition étudiante au Nigeria a obtenu le Grand-Prix au festival Cinéma du réel 2023.
Jeudi 04 juillet 2024
14h00- 15h30
« Histórias do Kakwaku », Chloé Buire- CNRS, LAM, co-réalisatrice Discussion : Dorothée Boulanger (Oxford Univ.) Félix, Mário, José, Manuel, Ivonny, Albano et Branca sont membres du Projecto Agir, un collectif citoyen qui milite pour la démocratie et la participation locale à Luanda, capitale de l’Angola. En 2021-2022, Chloé, chercheuse française alors résidente à Luanda leur a proposé un partenariat. Ensemble, ils et elles ont écrit, tourné et monté un film pour documenter l’engagement politique quotidien. Qu’est-ce qui nous pousse à rejoindre un mouvement social ? Comment passe-t-on d’une quête de sens individuel à une réflexion plus générale sur le changement et l’innovation politique ? Comment la rhétorique d’une lutte sociale se traduit-elle dans les rues et les habitations de quartiers abandonnés par l’État ? À partir des témoignages de leurs camarades de lutte et de leurs voisins et voisines, Histórias do Kakwaku propose un regard kaléidoscopique sur les grands défis et les petits miracles de la vie quotidienne à la périphérie de Luanda. Derrière la force des témoignages, le doute s’immisce lorsque nous nous confrontons à l’ambivalence de nos sentiments, de la fierté à l’indignation, en passant par l’optimisme et l’impuissance.
Chloé Buire Chloé Buire est chargée de recherche au Laboratoire les Afriques dans le Monde (CNRS). Ses travaux mêlent méthodes visuelles et approches participatives pour explorer les formes de citoyenneté ordinaire dans les pratiques citadines et les expressions artistiques à Luanda (Angola) et au Cap (Afrique du Sud).
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